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VOYAGE

1792.
Janvier.
Aux craintes que m’avoient inspirées ces réflexions, succédèrent bientôt des doutes qui prirent leur source dans les dépositions elles-mêmes, et dans le peu d’accord qui règne entre elles. En effet, la seule conformité qu’on puisse y remarquer, est que le commodore Hunter et les officiers Anglois embarqués à bord du vaisseau Hollandois étoient persuadés que les morceaux d’étoffe bleus et rouges que portoient les insulaires dans leurs pirogues, ne pouvoient être que les lambeaux des uniformes des officiers et des soldats embarqués avec M. de la Pérouse. Les deux dépositions sont en contradiction sur les autres faits. Dans l’une, la chose la plus remarquable que l’on ait aperçue, est un uniforme des troupes de la marine de France ; dans l’autre, c’est un ceinturon. La première dit que les hommes qui étoient dans les pirogues, faisoient des signes comme s’ils eussent voulu se faire raser ; dans la seconde, il est dit très-précisément que ces gens faisoient, avec des pavillons blancs, le signe d’approcher. Il est difficile d’expliquer comment on n’est pas d’accord sur des choses aussi remarquables, que tout le monde doit avoir vues de très-près. En outre, il n’est pas possible de penser que, si la persuasion du commodore Hunter avoit été telle que les dépositions l’affirment, il n’eût pas insisté auprès du capitaine Hollandois, pour lui faire tenter de se rapprocher de terre, afin de sauver des malheureux dans une situation aussi déplorable, et remplir ainsi un des devoirs les plus sacrés de l’humanité.

Il est probable que les deux capitaines François ont