Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/70

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Roxane.

Et, dites-moi, — pendant que j’ôte un peu le sang, —
Ils étaient contre vous ?

Cyrano.

Ils étaient contre vous ?Oh ! pas tout à fait cent.

Roxane.

Racontez !

Cyrano.

Racontez !Non. Laissez. Mais vous, dites la chose
Que vous n’osiez tantôt me dire…

Roxane, sans quitter sa main.

Que vous n’osiez tantôt me dire…À présent j’ose,
Car le passé m’encouragea de son parfum !
Oui, j’ose maintenant. Voilà. J’aime quelqu’un.

Cyrano.

Ah !…

Roxane.

Ah !…Qui ne le sait pas d’ailleurs.

Cyrano.

Ah !…Qui ne le sait pas d’ailleurs.Ah !…

Roxane.

Ah !…Qui ne le sait pas d’ailleurs.Ah !…Pas encore.

Cyrano.

Ah !…

Roxane.

Ah !…Mais qui va bientôt le savoir, s’il l’ignore.

Cyrano.

Ah !…

Roxane.

Ah !…Un pauvre garçon qui jusqu’ici m’aima
Timidement, de loin, sans oser le dire…

Cyrano.

Timidement, de loin, sans oser le dire…Ah !…

Roxane.

Laissez-moi votre main, voyons, elle a la fièvre. —
Mais moi j’ai vu trembler les aveux sur sa lèvre.