Page:Rostand - Le Cantique de l’aile, 1922.djvu/15

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LE CANTIQUE DE L'AILE. 5 Il suffit qu’elle sût qu’une aile était trouvée, De toile et de roseaux, Pour qu’elle ne fût plus qu’une immense couvée D’impatients oiseaux !

Car la vertu d’un cœur dont toutes les blessures S’ouvrent vers l’Orient, C’est de n’attendre pas que les routes soient sûres Et d’être impatient !

Depuis que cette chose impérieuse existe Qui veut qu’on aille aux cieux, La France est le pays des mères à l’œil triste, Mais au front glorieux !

Ah ! comme ils sont partis avec de l’allégresse, Nos fils jeunes et fous ! Car on meurt pour l’azur comme on meurt pour la Grèce Quand on est de chez nous !

Au moment qu’ils vont prendre, en un bruit de bourrasque, La route sans chemin, Ils nous disent adieu d’un hochement de casque, Puis ils lèvent la main !