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CALLIMAQUE.

CALLIMAQUE, FORTUNATUS.
CALLIMAQUE.

Qu’arrivera-t-il de tout ceci, Fortunatus ? La mort même de Drusiana n’a pu éteindre mon amour.

FORTUNATUS.

Votre situation est déplorable.

CALLIMAQUE.

Je meurs si ton adresse ne vient à mon aide.

FORTUNATUS.

Que puis-je faire pour vous secourir ?

CALLIMAQUE.

Tu peux faire que je la voie encore, quoi que morte.

FORTUNATUS.

Son corps, j’en suis sûr, est aussi beau que pendant sa vie ; cela vient de ce qu’il n’a pas été flétri par une longue maladie. Elle a succombé à une fièvre légère, vous le savez.

CALLIMAQUE.

Plût à Dieu que je n’en eusse pas la preuve trop certaine !

FORTUNATUS.

Si vous voulez payer généreusement ma complaisance, je livrerai le corps de Drusiana à vos désirs.

CALLIMAQUE.

Prends d’abord tout ce que j’ai sous la main et sois sûr que tu recevras de moi beaucoup plus ensuite.

FORTUNATUS.

Eh bien ! allons vite à la tombe.

CALLIMAQUE.

Ce n’est pas moi que tu accuseras de lenteur.



Scène VIII.

LES PRECEDENTS, DRUSIANA, couchée dans son cercueil.
FORTUNATUS.

Voici le corps. Ces traits ne sont pas ceux d’une morte ; ces membres conservent la fraîcheur de la vie, faites d’elle selon vos désirs.

CALLIMAQUE.

Ô Drusiana ! Drusiana ! quelle tendresse de cœur je t’avais vouée ! comme je t’aimais sincèrement et du fond de mes entrailles Et toi, tu m’as toujours repoussé ! toujours tu as contredit mes vœux Maintenant il est en mon pouvoir de pousser contre toi mes violences aussi loin que je voudrai. !

FORTUNATUS.

Ô ciel ! ciel ! un horrible serpent s’avance vers nous !

CALLIMAQUE.

Malheur à moi ! Fortunatus ! pourquoi m’as-tu séduit ? pourquoi m’as-tu conseillé un crime si détestable ? Voici que tu meurs sous les blessures de ce reptile, et moi j’expire avec toi de terreur.



Scène IX.

JEAN, ANDRONIQUE, ensuite DIEU.
JEAN.

Andronique, allons au tombeau de Drusiana pour recommander son âme à Jésus-Christ dans nos prières.

ANDRONIQUE.

Il convient, en effet, que votre sainteté n’oublie pas celle qui avait mis toute sa confiance en vous.

(Dieu leur apparaît.)
JEAN.

Voyez ! Andronique, le Dieu invisible se montre à nous sous une forme visible. Il a pris les traits d’un beau jeune homme.

ANDRONIQUE.

Je tremble de crainte.

JEAN.

Seigneur Jésus, pourquoi avez-vous daigné vous manifester en ce lieu à vos serviteurs ?

DIEU.

C’est en faveur de Drusiana et pour la résurrection de celui qui est étendu mort près de sa tombe que je viens vers vous ; je veux que mon nom soit glorifié en eux.

ANDRONIQUE, à Jean.

Avec quelle promptitude le Seigneur est remonté au ciel !

JEAN.

La cause de ce que je vois m’échappe.

ANDRONIQUE.

Hâtons notre marche ; peut-être, lorsque nous serons arrivés au tombeau de Drusiana, parviendrez-vous à voir de vos yeux ce qui, de votre aveu, échappe en ce moment à votre intelligence.



Scène X.

LES PRÉCÉDENTS, les corps de DRUSIANA, de FORTUNATUS et de CALLIMAQUE.
JEAN.

Au nom du Christ, que vois-je ici ? quel est ce prodige ? Le sépulcre est ouvert, le corps de Drusiana est hors de sa tombe ; à côté gissent deux cadavres enlacés dans les nœuds d’un serpent ;