ces blasphématrices et jetez-les vivantes au milieu des flammes.
Hâtons-nous de construire un bûcher et livrons ces femmes à la fureur des flammes pour mettre un terme à leur insolence.
Non, ce ne serait pas, ô mon Dieu ! un effet extraordinaire de votre puissance que d’ordonner aux flammes d’oublier leur violence et de les forcer à vous obéir. Mais tout ce qui nous retient plus long-temps ici-bas nous fatigue. Nous vous supplions donc, Seigneur, de rompre les liens qui retiennent nos âmes, afin que, nos corps étant consumés, nous nous réjouissions avec vous dans le ciel !
Ô prodige nouveau et inexplicable ! les âmes de ces femmes ont quitté leurs corps sans qu’on puisse apercevoir aucune trace de l’action du feu. Ni leurs cheveux, ni leurs vêtements n’ont été atteints par les flammes, encore moins leurs corps.
Faites venir Irène.
Oui, seigneur.
Scène XIV.
Redoutez, Irène, le sort de vos sœurs et craignez de périr comme elles.
Je souhaite suivre leur exemple et mourir pour mériter de me réjouir éternellement avec elles.
Cede, cède à mes conseils.
Je ne cèderai point à celui qui me conseille le crime.
Si tu t’obstines dans tes refus, je ne t’accorderai pas une mort prompte, mais je la différerai et chaque jour je multiplierai et je renouvellerai tes supplices.
Plus nombreuses seront mes tortures, plus grande sera ma gloire,
Tu ne crains pas les supplices ; mais j’en saurai trouver un qui te fera horreur.
Avec l’aide du Christ j’échapperai à tout ce que vous inventerez contre moi.
Je te ferai conduire dans un lieu de débauche où ton corps sera exposé aux plus honteux outrages.
Il vaut mieux que mon corps soit livré à toutes sortes d’outrages, que mon âme souillée par le culte des idoles.
Si tu deviens la compagne des courtisanes, tu ne pourras plus, ainsi déshonorée, être comptée dans la phalange des vierges.
La volupté est suivie du châtiment, mais la nécessité donne la couronne céleste. On n’est déclaré coupable que des fautes auxquelles l’âme a consenti.
En vain je l’épargnais ; en vain j’avais pitié de son enfance.
Nous savions, bien que rien ne la pourrait forcer à adorer les dieux et que la terreur ne pourrait la vaincre.
Je ne l’épargnerai pas plus long-temps.
Vous avez raison.
Saisissez-la sans pitié, traînez-la sans miséricorde et enfermez-la honteusement dans un lieu de prostitution.
Ils ne m’y conduiront pas.
Qui pourra les en empêcher ?
Celui dont la providence régit le monde.
Nous verrons.
Plus tôt que tu ne voudras.
Soldats, ne vous laissez pas effrayer par les fausses prédictions de cette blasphématrice.
Elles ne nous effraient point ; nous allons obéir à vos ordres.
Scène XV.
Quels sont ces hommes qui s’approchent ? Comme ils ressemblent aux soldats auxquels j’ai livré Irène. Ce sont eux. (aux gardes.) Pour-