Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/352

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Le châtaignier couvert de globes épineux,
Et le saule aquatique et le pin résineux.
Ce n’est plus cet asyle, où couronné d’ombrages,
Le pasteur de l’été défioit les outrages ;
Où l’oiseau, voltigeant de buissons en buissons,
Lui payoit le tribut de ses douces chansons :
C’est une vaste mer qui bouillonne enflammée,
Vomit en tourbillons les feux et la fumée,
Où mille sangliers furieux, écumans
Courent, et font ouïr d’horribles heurlemens,
Où, sur Lozon enfin et sur Rose expirante,
Voltige et s’élargit la flamme dévorante.
Ah ! Couple malheureux, où fuir ? Où te cacher ?
Il n’est auprès de toi ni grotte, ni rocher ;
Et l’implacable mort va frapper ta jeunesse.
Mais non : qu’en votre coeur un doux espoir renaisse.
La tempête, du sein des nuages errans,
Sur la forêt en feu vomit l’eau par torrens.
Déjà de toutes parts dans les flots engourdie,
Murmure la fureur du rapide incendie.
Le déluge redouble, et le feu disparoît :