Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et l’orbe du soleil, que l’orage entouroit,
Du voile ténébreux par dégrés se dégage.
De la sérénité rayonne enfin le gage ;
C’est l’écharpe d’iris : dans l’air resplendissant,
Ses longs plis déroulés se voûtent en croissant.
L’éclat, dont ses couleurs ont vêtu la campagne,
Rassure de Lozon la tremblante compagne.
Que dis-je ? Un autre effroi l’agite en ce moment.
Sans aucun voile, hélas ! Livrée à son amant,
De ses pudiques mains elle couvre ses charmes,
Rougit, ferme les yeux, et les trempant de larmes.
"De mes jours conservés je te dois le bonheur ;
Ajoute à tes bienfaits en me laissant l’honneur,
Lozon ; sois généreux : un jour viendra peut-être,
Où Rose, sans remords, pourra les reconnoître. "
Elle dit, et Lozon vaincu par la pudeur,
De ses feux à regret étouffe encor l’ardeur,
Il sort. Rose après lui retrouve sur la plage
Ses voiles, et tous deux sont rentrés au village.
La flamme a respecté le fruit de leurs guérets :