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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/354

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Armés du fer tranchant que recourba Cérès,
Quand la prochaine aurore éveillera la terre,
Aux épis déjà mûrs ils porteront la guerre.
Le jour meurt ; il renaît. La faucille à la main,
Et d’agrestes chansons égayant leur chemin,
Les moissonneurs en foule avancent vers la plaine.
L’épi, qu’un doux zéphir au gré de son haleine
Courbe, roule, relève et courbe et roule encor,
Promet à leurs travaux sa chevelure d’or.
Ce salaire promis enflamme leur courage,
Et chacun tout entier s’abandonne à l’ouvrage.
À l’envi l’un de l’autre ils frappent les épis :
La faucille à leurs piés les étale en tapis.
Sous le glaive français, ainsi de l’Angleterre
Les escadrons vaincus vont mesurer la terre,
Alors que réveillant nos antiques débats,
Leur jalouse valeur nous appelle aux combats.
Le moissonneur poursuit. De son premier asyle,
Avec de cris aigus l’alouette s’exile ;
La tremblante perdrix fuit avec ses enfans ;