Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/210

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Sans lui ne croîtroit point sur vos côteaux déserts
L’arbre, qui transplanté du neustrien rivage,
De ses fruits, sous la meule, épanche un doux breuvage.
Et toi, de qui César hérissa la hauteur
D’un camp, où reposoit son aigle observateur ;
Toi, qui né dans la mer, à l’homme qui te fouille
Étales des requins la tranchante dépouille,
Mont qui me fus si cher, retraite, où les neuf soeurs
Me firent savourer leurs premières douceurs,
Dis-nous comment enfin dompté par la culture,
Aux troupeaux étonnés tu donnes leur pâture ;
Cependant qu’en berceau des ormes arrondis
Repoussent le soleil, qui te brûloit jadis !
Que tous ces monumens, respectés d’âge en âge,
Rendent à leur auteur un sacré témoignage ;
Et qu’en les contemplant, le vieillard attendri
Ajoute : ils m’ont donné le pain qui m’a nourri ?
Mais tandis que la nège au fond d’une chaumière
Relegue l’indigent ; le char de la lumière
Roule, touche au solstice, et la plus longue nuit