Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/213

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C’est par des feux encor, où se peint son image,
Qu’il reçoit du Cathay le solemnel hommage.
Dès qu’arrive l’année à sa dernière nuit,
De lampes, de flambeaux tout l’empire reluit ;
Et de chaque maison la porte illuminée
Se pare de ces mots : au vrai roi de l’année.
Ce roi n’ose pourtant, jeune et trop foible encor,
Environner son front de tous ses rayons d’or :
De quelques traits de flamme à peine il se couronne.
Vingt rivaux en fureur lui disputent son trône ;
L’enfant du nord l’assiège, et le démon des eaux
Menace d’abymer la terre sous les flots.
Il s’avance ; il descend chargé d’une urne immense :
Sa main l’ouvre à grand bruit ; et sur l’an, qui commence,
Renversant tout entier ce dépôt des hyvers,
L’ouragan pluvieux en couvre l’univers.
Le ciel fond en torrent, qui du haut des montagnes
Écumant et grondant s’étend sur les campagnes :
Tout est mer. Dans son sein les arbres entassés
Et les hameaux détruits et les ponts fracassés
Roulent, et des humains emportés par l’orage,