Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/215

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Bientôt à l’océan, qui roule sans rivages ;
Tous les torrens des airs unissent leurs ravages,
La terre tonne, tremble ; et ses flancs caverneux
Sans cesse vomissant des flots bitumineux,
L’homme égaré, perdu dans le brouillard de soufre
Que ces fleuves de lave exhaloient de leur gouffre,
L’homme, de mille morts à la fois investi,
Dans les feux, dans les eaux périssoit englouti.
Par dégrés cependant l’onde moins courroucée
Décroit, et dans son lit rentre enfin repoussée.
La flamme des volcans s’assoupit et s’endort.
Mais hélas ! Des humains échappés à la mort
Quel fut le désespoir, quand, du haut des montagnes,
Jettant un regard sombre au loin sur les campagnes,
Ils virent leur séjour, autrefois si riant,
Désert, et dans le deuil d’un silence effrayant,
N’offrant de toutes parts qu’un long marais immonde,
Où sembloit expirer l’astre pâle du monde ?
Nous peindrons-nous jamais leur état douloureux,
Nous, qui chéris du ciel coulons des jours heureux,