Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/216

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Nous, qui formons à peine un desir inutile,
Qui moissonnons en paix une terre fertile,
Et pour qui le soleil, de la nature ami,
Marche d’un pas égal dans sa route affermi ?
C’est en vain que sur nous l’hyver fond en orages ;
Ses bienfaits ont bientôt réparé les naufrages.
Oui, mortel : quand ce dieu, signalant son pouvoir,
Des trésors de la pluie ouvre le réservoir,
Cette chûte des eaux est encor salutaire :
Le fleuve s’en nourrit pour féconder la terre.
Au tems de ma jeunesse, avant qu’à ma raison
L’étude eût découvert un plus vaste horison,
Tandis que du soleil la lumière voilée
Laissoit regner la nuit sous la voûte étoilée,
Et tandis que la pluie enfloit de ses torrens
Les fleuves écumeux et sur la plaine errants,
Librement prisonnier d’un réduit taciturne,
Je veillois aux lueurs d’une lampe nocturne ;
J’interrogeois l’auteur de tous ces mouvemens,
Je demandois raison du choc des élémens ;