Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/217

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Pourquoi l’année expire, et l’éther nous assiége
De frimats, de brouillards et de pluie et de nège ;
Pourquoi ces aquilons, cortège des hyvers,
Et ces monts, dans la chaîne embrasse l’univers.
Lassé de ces pensers où mon esprit se plonge,
Je m’endors : tout-à-coup enfanté par un songe,
Un colosse imposant apparut à mes yeux :
Couronné de soleils, son front touchoit aux cieux ;
Les saisons l’entouroient : par des routes certaines,
Serpentoient dans son corps les lacs et les fontaines ;
Sept couleurs à la fois nuançoient ses habits ;
Son sceptre brilloit d’or, de saphirs, de rubis ;
Un long voile azuré lui servoit de ceinture :
Mon oeil, à tous ces traits, reconnut la nature.
« Ton esprit, me dit-elle, ami des vérités,
Demande à quel dessein, loin des mers emportés,
S’étendent ces frimats, ces brouillards et ces nues.
Suis-moi ; je vais t’ouvrir des routes inconnues :
Mes secrets aujourd’hui te seront dévoilés. »