Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/218

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Elle dit ; et soudain aux lambris étoilés,
Sur les aîles des vents la déesse m’enlève.
C’étoit l’heure propice, où le soleil se lève.
Alors la déité, par un charme puissant,
Arma mes foibles yeux d’un regard plus perçant ;
Et dans tous ses climats me présentant la terre :
« Contemple tous les monts que ta planète enserre,
Dit-elle ; vois ces rocs qu’Annibal a franchis,
Les sommets riphéens de longs frimats blanchis ;
Le Taurus, au Tartare opposant des barrières ;
Le Caucase berceau de cent hordes guerrières ;
L’Olympe, d’où la fable a fait tonner ses dieux ;
L’Atlas, qu’elle chargeoit de tout le poids des cieux ;
L’Ararat, où cent fois, d’une antique disgrâce,
Le crédule vulgaire alla chercher la trace ;
Les rochers de Goyame et les monts de luna ;
Les Andes, que l’Europe à son sceptre enchaîna ;
Enfin du globe entier les hauteurs primitives :
Eh bien ! Sans ces hauteurs, les ondes fugitives,
Qui, par mille détours, de climats en climats,