Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/25

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Du printems rajeuni les grâces verdoyantes,
Sur le front de l’été les gerbes ondoyantes ;
L’automne par Bacchus diapré du rubis,
L’agneau contre l’hyver nous prêtant ses habits,
Ces biens, d’autres encor réservés pour notre âge,
De l’homme observateur ne sont-ils pas l’ouvrage ?
Honteux du cercle étroit, où de grossiers besoins
Aux premiers jours du monde avoient borné ses soins,
Il le franchit : soudain tout prend une autre face.
La terre de vergers couronne sa surface ;
Le roc sort de ses flancs, et s’élève en palais ;
Le lin sur l’éléphant se déploie en filets ;
De la croupe d’un mont roulant dans la vallée
Le chêne est un navire, il fend l’onde salée ;
La meule tourne, crie, elle écrase le grain ;
La flamme, en dieu tonnant, a transformé l’airain ;
L’homme, tout l’univers sous le pinceau respire ;
L’harmonieux roseau par sept bouches soupire,
Et le poisson de Tyr rougit l’habit des rois.
Mais l’homme, oui, l’homme encor étend plus loin ses droits,