Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Si des siècles derniers dépouillant les annales,
Je veux nombrer les faits par qui tu te signales,
Ô mortel ! Quel tableau vaste et prodigieux
Sous des traits plus hardis vient t’offrir à mes yeux !
C’est par toi, qu’affranchi du pouvoir de la terre,
Le roi brillant du jour n’est plus son tributaire ;
Il remonte par toi sur son trône usurpé.
D’un aiman conducteur l’acier enveloppé,
Soit que l’épaisse nuit renaisse ou se retire,
Montre à tes mâts flottans le pôle qui l’attire.
De la tempête alors je vois le Cap franchi,
Et le flot indien sous tes poupes blanchi.
Nouveau triomphe encor. Tes efforts plus prospères
Joignent un autre monde au monde de tes pères.
Le commerce aux cent bras les déploie autour d’eux,
Et chargé de trésors, les prodigue à tous deux.
Envain le nord, caché dans ses antres sauvages,
De montagnes de glace a bordé ses rivages,
Ta proue a sillonné les gouffres qu’il défend,
Et des secrets du nord te voilà triomphant :
La terre, sous le pôle à tes yeux étendue,