Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/284

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Eh ! Qui peut comparer nos plus rudes frimats
À ceux, dont Calistho voit blanchir ses climats,
À ces rocs, à ces monts de nèges entassées,
Dont les rives du nord sont par-tout hérissées ?
Là, l’hyver tient sa cour : là, ce despote, assis
Sur d’énormes glaçons par vingt siècles durcis,
S’entoure d’ouragans, de tempêtes, d’orages,
Ébranle au loin la mer, la couvre de naufrages,
Et tressaille au fracas des navires brisés.
Muse ! Viens ranimer mes esprits épuisés,
Viens ; et que mes pinceaux, plus fiers et plus terribles,
Reproduisent le nord dans ses beautés horribles.
Si des sommets d’Hécla je vole au Groënland,
Et parcours le Spitzberg, la Zemble et le Lapland,
Qu’y vois-je dans les cieux, sur la terre et sur l’onde ?
Ici, durant trois mois règne une nuit profonde :
Là, dans un cercle étroit le soleil languissant
Ne montre qu’à moitié son disque pâlissant.
Dans ces climats obscurs, muets comme l’Averne,
L’homme s’ensevelit au creux d’une caverne.
Hélas ! L’infortuné, dans cet affreux séjour,