Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/344

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Fait soupirer la flûtte et retentir les cors.
Son magique pouvoir tour-à-tour me promène
Dans les gouffres brûlans du ténébreux domaine,
Aux bosquets d’Idalie et dans la paix des cieux.
Je la suis sur les mers : les vents séditieux,
Par elle déchaînés, mugissent sur ma tête.
Le tonnerre a grondé ; je pâlis : la tempête
Retombe, l’air s’épure ; et la plaine des flots
Répond de toutes parts aux chants des matelots.
La nuit à nos plaisirs vient ajouter encore.
Au sortir des festins, l’agile Therpsicore
Jusqu’au réveil du jour assemble ses amans :
Les uns, rayonnans d’or, chargés de diamans,
Dans le palais des rois ennoblissent la danse,
Que promène à pas lents une grave cadence.
Les autres, invités à des plaisirs plus vrais,
Déguisant et leur taille et leurs voix et leurs traits ;
Courent sous les drapeaux du dieu de la folie,
Et sèment autour d’eux la piquante saillie.
Le folâtre enjoûment, fils de la liberté,
Y circule sans cesse autour de la beauté ;