Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/345

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Par des récits malins la poursuit, l’embarrasse,
Lui peint de ses amans la secrète disgrace,
Lui vante son adresse à tromper un jaloux,
Et Lycidas heureux du malheur d’un époux :
Scène tumultueuse, où, libre enfin de crainte,
L’amour, ailleurs captif, soupire sans contrainte ;
Mais où ce même amour, trop de fois outragé,
Se plaint amérement de noirs soucis rongé.
Là, j’ai vu ma Sylvie, à moi seul étrangère,
Autour d’elle assembler la foule passagère,
S’enyvrer de l’encens d’un peuple adorateur,
Complaisamment sourire à leur discours flatteur,
D’un silence cruel insulter à ma flamme,
Et se faire un bonheur des tourmens de mon ame.
Oh ! Qu’il vaut mieux aux champs consumer son loisir !
C’est-là que nul souci n’attriste le plaisir ;
Pur comme les bergers, il anime la danse,
Néglige la mesure, et confond la cadence :
Il est dans tous les coeurs, il vit dans tous les yeux.

L’écho s’éveille au bruit de mille cris joyeux,
Des trompes, des tambours, des chalumeaux rustiques.