Vous, mère de Zénis, conduisez la bergère.
Elles marchent ensemble au séjour de Myras,
Qui leur prête, en tremblant, le secours de son bras.
Arrivée à ce toît, la bergère attendrie
S’arrête sur le seuil, s’y prosterne, et s’écrie :
"Ma mère, donne-moi ta bénédiction. "
L’oeil humide, et le coeur serré d’émotion,
La mère étend sur eux sa main foible et tremblante ;
Veut parler, et ne peut d’une voix défaillante
Prononcer que ces mots : "adieu, vivez unis. "
Elle fuit ; et Myras, sur la main de Zénis
Imprimant un baiser, versant de douces larmes :
"Enfin nous sommes seuls ! "il dit ; et les allarmes ;
Qui de Zénis encor troubloient le jeune coeur,
Se taisent par dégrés ; l’amour en est vainqueur.
L’amour ! Pourquoi faut-il qu’aux cités moins propice,
Ce dieu n’y prenne point l’Hymen sous son auspice ;
Que le seul intérêt y confonde les rangs ;
Que l’or des publicains y marchande les grands,
Et sans orner un nom, en avilisse un autre ?
Si l’Hymen est coupable, ah ! Son crime est le nôtre.
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