Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/350

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Nos mépris chaque jour flétrissent les époux,
Qui, lassés de leur chaîne, abreuvés de dégoûts,
Amusent des cités les oreilles oiseuses,
Et fatiguent Thémis de clameurs scandaleuses ;
Et lorsque nos enfans, qu’unit déjà l’amour,
Demandent que l’Hymen les unisse à son tour,
Nous repoussons leurs voeux ! L’avarice d’un père
Mettra sur un autel leurs destins à l’enchère !
Barbares ! Si nos mains les vendent au malheur,
Ah ! Permettons du moins la plainte à la douleur.
Ou plutôt, si la loi, sagement paternelle,
N’opprimoit pas l’Hymen d’une chaîne éternelle,
Plus de fiel, plus d’aigreur ; son front pur et serein
Ne se noirciroit plus des ombres du chagrin :
On oseroit punir le furtif adultère.
Ô vous donc, qui devez le bonheur à la terre,
Rois et législateurs ! Ouvrez enfin les yeux :
Assez l’homme a gémi sous un joug odieux ;
Que ce joug soit brisé ; qu’une loi plus féconde
Invite les mortels à réparer le monde ;
Et que la liberté soit le lien des coeurs :
L’amour même à l’Hymen envîra ses douceurs.

À la Maudre, d’épis et