Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/91

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Sur son sein palpitant la soutient et la presse :

Mais repoussant le bras qui la veut secourir,
« Éloignez-vous, mon père, et laissez-moi mourir. »
À ces mots, et de sang et d’écume souillée,
Et de ses derniers pleurs la face encor mouillée,
Linda roidit son corps par ses mains déchiré.
Le vieillard la confie au jeune-homme éploré,
Et sort pour invoquer une main salutaire.
L’aube pâle guidoit sa marche solitaire.
Il s’avance ; et son oeil ne voit de toutes parts
Que des restes meurtris sur la poussière épars.
De cabane en cabane à grands pas il s’élance,
Et par-tout, du tombeau le ténébreux silence
Tout est mort. égaré, pâlissant de terreur,
Mais adorant encor les cieux dans leur fureur,
Il retourne éperdu vers la demeure sainte ;
Des hurlemens affreux en remplissoient l’enceinte.
Il appelle sa fille. ô tableau déchirant !
Sa fille est expirée, et son fils est mourant.
« Dieu cruel ! J’avois cru ta vengeance assouvie,
Et de mon fils encor tu m’arraches la vie !