Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tume sur le théâtre de ses exploits ; mais il ne frappa coup, tant il était profondément plongé dans le désespoir.

« — Que faire ? se disait-il, appuyé sur sa grande hache. Point d’argent, par conséquent point d’ouvriers à mon service ; point de chevaux pour transporter le bois de construction ; point de pain à la maison ! Que c’est donc triste ! Si je pouvais terminer mon entreprise, je deviendrais riche, content et heureux. Je suis né pour être toujours malheureux. »

« Il allait proférer un blasphème épouvantable, lorsqu’il aperçut à ses côtés un homme bien mis paraissant âgé d’une quarantaine d’années.

« Cet étranger l’enveloppe d’un regard scrutateur, et, sans préambule, lui demande la cause de sa tristesse. L’entrepreneur s’empresse de lui ouvrir son cœur et lui raconte en peu de mots l’histoire de sa vie.

« L’étranger reprend aussitôt :

« — Voulez-vous que je vous aide à terminer ou plutôt à construire votre pont ?

« — Si je le veux ! Ah ! que vous êtes bon, monsieur ! Vous êtes mon sauveur. J’accepte vos services avec la plus grande joie. Vous serez bien récompensé.

« — Je ne vous demande qu’une chose.

« — Demandez tout ce que vous voudrez, je vous l’accorde d’avance.