Le Mariage Céleste.
« Heureuse, Oh ! bienheureuse entre toutes ses sœurs
Est l’âme solitaire,
L’âme qui, méprisant le monde et ses splendeurs,
Ne voit qu’avec dédain la coupe des erreurs
Où s’enivre la terre ;
L’âme qui, toute à Dieu, rêve un autre séjour
Que ce globe imprégné d’amertume et de vase,
Et s’endort dans l’extase
D’un indicible amour !
Heureuse l’âme pure, heureuse l’âme douce,
Étrangère ici-bas,
Qu’un siècle dégradé méconnaît et repousse,
Et qui ne s’en plaint pas ;
Qui demande à souffrir, pourvu que Dieu la voie,
Qui refuse la joie
Dont la source est ailleurs ;
Et les yeux vers le ciel, suivant son humble route,
Y sème goutte à goutte
L’offrande de ses pleurs ! » —
C’est ainsi qu’a chanté, dans sa ferveur mystique.
Du sol Armoricain la Muse catholique ;
C’est ainsi qu’a chanté, sur sa cithare d’or,
En parlant de l’Épouse, une autre Muse encor :
« Elle cherchait les bois, dans ses inquiétudes ;
Elle y mettait son nid, loin du bruit, loin du jour ;
Aussi son bien-aimé la mène aux solitudes,
Car c’est dans les déserts qu’il fut blessé d’amour. »
Et ce don de chanter avec l’accent suprême,
Ce céleste pouvoir, tu l’as reçu toi-même ! —
Poète séraphique, enfant du Golgotha,
Oh ! sois fière du don que le ciel t’accorda ;
Plains tous ces froids railleurs, que le blasphème amuse,
Ces vils marchands de prose, insulteurs de la Muse ;
Plains ces cœurs envieux, ces cœurs remplis de fiel,
Et rends ton culte austère à la fille du ciel !