Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/156

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« soit loué ! nous savons que le ciel nous est ouvert, et peu nous importe que nous y arrivions par terre ou par mer ! »

« S’il y avait eu dans le parlement quatre hommes de cette trempe, l’Angleterre était sauvée, et Henri sur son lit de mort n’eut pas dit en soupirant : « Hélas ! nous avons tout perdu, l’État, la renommée, la conscience, le ciel ! » (Le Solitaire Auvergnat.)

« Heureux celui qui a le courage de fuir le monde, dans le dessein de se consacrer aux larmes de la pénitence et à la contemplation des choses célestes ! Il trouvera dans la retraite une source intarissable de douceurs et de consolations, qui ne sont connues que de ceux qui en ont fait l’épreuve. Le désert se changera pour lui en un véritable paradis. Sa plus chère occupation sera de louer Dieu et de remercier le Seigneur qui lui communique par anticipation la félicité des Saints. Concentré en lui-même, il n’aura d’autre soin que de remonter au principe de ses imperfections, pour s’en corriger ; que de réprimer les saillies de ses sens par la mortification ; que de purifier les affections de son cœur ; que de bannir de son esprit toutes les pensées vaines et frivoles ; que de faire, en un mot, de nouveaux progrès dans les vertus qui unissent l’âme à Dieu de la manière la plus parfaite. » (Godescard.)

« L’amour extraordinaire que certaines âmes ont eu pour la solitude n’a rien qui doive nous surprendre. C’est, en effet, dans la solitude qu’on apprend à connaître Dieu et à se connaître soi-même, qu’on détache son cœur de toute affection désordonnée, et qu’on lui inspire du goût pour les biens éternels ; qu’on soumet entièrement la chair à l’esprit ; qu’on purifie son âme de toutes les souillures inséparables de la fragilité humaine ; qu’on se revêt enfin de Jésus-Christ pour devenir une créature nouvelle. Les occupations des Solitaires les rendent en quelque sorte semblables aux Anges, puisque, comme eux, ils paient continuellement à Dieu un tribut de louanges, d’adoration, d’amour, d’actions de grâces ; mais il faut, s’ils veulent plaire à Dieu, et jouir des avantages attachés à leur état, qu’ils se fassent une violence continuelle, qu’ils veillent perpétuellement sur leurs sens, qu’ils aient sans cesse la mort devant les yeux, et qu’ils ne négligent aucun des exercices propres à les entretenir dans l’esprit de componction et de pénitence. » (Godescard.)

« Saint-Grégoire peint en deux mots le caractère du glorieux patriarche des moines d’Occident, Saint-Benoît ; il dit de lui, qu’il demeurait avec lui-même, habitavit secum. Ces paroles emportent avec elles l’idée de la plus grande, de la plus sublime perfection. Qu’est-ce en effet, dans le langage des Saints, que de demeurer avec soi-même ? C’est joindre la solitude de l’âme avec celle du corps ; c’est vider son cœur de tout attachement aux choses terrestres ; c’est se concentrer dans la connaissance de Dieu et de soi-même. » (Godescard.)

« Les saints pasteurs étaient continuellement unis à Dieu. Non contents de lui payer publiquement le tribut de leurs hommages, ils avaient encore coutume de rentrer de temps en temps en eux-mêmes, et de s’éloigner du commerce des hommes pour converser plus librement avec lui. Ils savaient que Jésus-Christ se retirait souvent dans les déserts et sur les montagnes, et qu’il y passait les nuits en prière. Les lieux solitaires et éloignés du tumulte ne contribuent pas peu au recueillement ; l’âme y a bien plus de facilité, pour s’élever au-dessus des choses terrestres. Séparés des créatures, seuls avec Dieu seul, nous sommes beaucoup plus en état de parler au Seigneur, de l’entretenir de nos misères, et de lui exposer les besoins du prochain.

« Sans cet amour et cette pratique de la retraite, un pasteur ne pourra réussir ni à se sanctifier, ni à sanctifier son troupeau. Il n’abandonne pas ceux qui lui sont confiés, quand il les quitte quelquefois pour aller les recommander à Dieu. Peut-il les servir d’une manière plus utile, qu’en tâchant d’attirer sur eux les bénédictions célestes, qu’en se nourrissant par la méditation des vérités saintes, afin de pouvoir ensuite leur donner de sa plénitude. S’il négligeait de se recueillir, il courrait le risque de se perdre avec son troupeau. Il est dit des apôtres qu’ils alliaient la prière et la retraite avec l’exercice du ministère. » (Godescard.)

« Nulle part on ne jette avec plus de sûreté les fondements de la vie intérieure que dans la solitude ; nulle part on ne se prépare mieux aux fonctions de la vie active et à conserver l’esprit de piété au milieu des distractions qu’entraîne le commerce des hommes. » (Godescard.)

« Oh ! qui pourrait concevoir les délices ineffables que goûte une âme unie intimement à son Dieu ! Les mondains demandent ce que des hommes