« peuvent faire toute leur vie dans la solitude, et comment ils peuvent s’ensevelir ainsi tout vivants ; mais ceux qui ont éprouvé le bonheur des vrais solitaires, demandent à leur tour aux mondains comment des hommes créés pour le ciel vivent dans une dissipation continuelle, et ne pensent presque jamais à un Dieu dont la présence ravira les bienheureux pendant toute l’éternité. » (Godescard.)
« Essayez de décrire, si vous le pouvez, le bonheur de ces âmes que Dieu à retirées dans la solitude : pour moi, tout ce que j’en puis dire, c’est qu’il se montre à elles si beau, si grand, si noble, si ravissant, si digne d’être seul aimé et possédé, qu’elles ne peuvent plus aimer que lui. Enivrées de son amour, qui est le vin qu’il leur fait boire dans la salle de festin qu’il leur a préparée, et dégoûtées de tout autre amour, elles n’ont plus d’affections et de désirs que pour ce souverain et unique bien éternel. — Ô heureux état d’une âme qui, détachée de tout, ne possède que Dieu dans la solitude. » (La Science des Saints.)
« C’est dans la solitude, pour employer les paroles de la séraphique Sainte-Thèrèse, que Dieu donne à l’Épouse le baiser de paix qu’elle a si longtemps demandé.
« C’est là que la biche altérée, et blessée du saint amour, trouve des eaux vives en grande abondance. C’est là que l’âme se réjouit avec David dans les tabernacles de Dieu. C’est là que la colombe de Noé trouve le vrai rameau d’olivier, comme signe qu’elle a rencontré la terre ferme au milieu des tempêtes du monde. C’est là que l’union de l’âme avec Dieu ressemble à celle qui se fait de deux eaux, lorsque quelques gouttes de pluie tombent dans la mer, sans que jamais on les en puisse séparer ; ou de deux rayons de lumière, qui pénètrent dans une chambre par diverses ouvertures. Et où trouvera-t-on des paroles pour expliquer les doux entretiens que cette âme a avec son Bien-Aimé, et tout ce que son Bien-Aimé lui répond ? Comment peindre les transports d’amour et les extases dont elle est saisie dans cette union intime ? » (La Science des Saints.)
« La solitude est un port tranquille où nous sommes éloignés des tempêtes et du tumulte du siècle ; elle est un abri contre l’injustice et le péché ; elle est la conservatrice des grâces de Dieu ; elle est la porte du ciel ; elle est la demeure propre et le centre de ceux qui veulent s’appliquer à l’oraison ; elle produit et entretient dans le cœur les sentiments de pénitence ; elle met l’esprit en état de faire le discernement et de porter un jugement équitable de toutes choses ; elle excite et enflamme à la méditation ; elle donne des secours merveilleux pour la contemplation des choses saintes. » (St-Laurent Justinien.)
« La solitude agrandit et dilate notre cœur. C’est l’asyle de l’oraison ; c’est la demeure de la paix ; c’est l’ennemie des passions spirituelles les plus cachées, les plus spécieuses. Elle rend nos âmes toute vigilantes sur elles-mêmes. Elle ne laisse point s’affaiblir ni languir nos bonnes affections. Elle nous fait acquérir la sagesse, la clairvoyance, le discernement. Elle nous fait faire des progrès qui nous sont cachés à nous-mêmes. Elle purifie les eaux de toute amertume, et les remplit de douceur. Elle est une source d’espérance et de confiance. Elle est sur la terre le refuge de l’Époux céleste, qui presque partout ailleurs est ou inconnu ou persécuté. Enfin elle rend ceux qui la possèdent médiateurs entre Dieu et les hommes. » (St-Laurent Justinien.)
« Nul homme ne saurait expliquer entièrement quels sont les avantages et les privilèges de la solitude ; nul ne pourrait dire le nombre de maux dont on s’exempte, et le nombre de biens que l’on obtient par la retraite. Le lieu de retraite est comme le lit où repose le céleste Époux. Il est le gardien et le conservateur des vertus, le port où l’on trouve la tranquillité, la source abondante de la paix, le remède souverain contre les vices, le séjour propre à la contemplation, le tabernacle d’alliance, le temple où Jésus-Christ rend les âmes ses épouses. La solitude est un jardin toujours arrosé et toujours fertile. C’est un paradis de délices, c’est la porte du ciel, c’est l’école de la doctrine du salut ; c’est le tribunal où la conscience est examinée et jugée sans qu’on la flatte ; c’est une sainte Académie où l’on apprend à se taire ; c’est cette échelle mystérieuse de Jacob par laquelle on monte de degré en degré jusqu’au ciel. » {St-Laurent Justinien.)
« Personne n’en doute, plus un esprit est dégagé, plus un cœur est détaché des choses d’ici-bas, plus l’un et l’autre ont de disposition pour goûter les joies célestes de la contemplation. Voulez-vous devenir capable des communications