Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/16

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cerner, encourager, diriger et protéger, sans crainte comme sans intérêt, les vocations, et surtout les vocations religieuses, les vocations d’élite.

Nous le dédions à ceux de nos jeunes et pieux confrères, qui, saintement effrayés des devoirs, des périls et des difficultés du ministère, et voulant mettre leur destinée sacerdotale à l’abri des circonstances précaires et des volontés changeantes, méditent de chercher, dans un Ordre religieux, ou dans la solitude, une protection sûre et constante, une plus grande liberté de cœur et d’esprit, une heureuse sécurité de conscience, et une indépendance matérielle, qui les préserve de la misère ou de l’avarice, qui sauve l’honneur de leur caractère divin, et leur donne une noble assurance, en les mettant au-dessus de la faiblesse des uns, des petites passions des autres, et des perpétuelles variations d’un monde hostile et capricieux, qui n’agit que par ignorance ou malice, que par esprit d’aveuglement ou de vengeance, et toujours en haine de la vérité et de la vertu.

Nous le dédions aux Religieux et Religieuses des divers Ordres glorieux, qui, remplissant tour à tour les fonctions de Marthe et de Marie, ornent et servent l’Église et les États, par tous les moyens et sous toutes les formes que peut inspirer et prendre une charité ingénieuse, héroïque et infatigable ; une charité qui ne s’exerce que par des motifs divins, et qui ne peut être comprise et récompensée que par Celui qui en est le principe et la fin.

À qui encore le dédierons-nous, avec une entière confiance, avec la certitude de réveiller un écho sympathique, un héroïque esprit d’imitation ?

C’est à vous, humbles vierges du cloître, filles séraphiques de Sainte-Claire et de Sainte-Thérèse, victimes héroïques et gémissantes, âmes sublimes et contemplatives, qui nous protégez sans cesse par vos prières, vos veilles, vos jeûnes, vos bonnes œuvres et vos larmes cachées ; qui expiez, par une vie austère et angélique, la vie dissipée et sensuelle du monde ; et qui intercédez avec instance, au pied de l’autel, sans désister jamais, ni le jour ni la nuit ; vous qui priez pour la conversion de tant d’âmes inquiètes, malheureuses, égarées par le monde loin du bercail de l’innocence, et engagées dans un labyrinthe de passions coupables et de vaines occupations qui les empêchent de réfléchir.

C’est à vous, âmes ardentes, enthousiastes, généreuses, filles glorieuses de la douleur, chastes et mystiques colombes, vous qui n’êtes pas faites pour le monde et pour qui le monde n’est pas fait ; vous qui devez un jour vous envoler, loin de ses fêtes profanes, pour vous cacher dans quelque sainte solitude, et y vivre d’une vie toute céleste et inconnue aux hommes.

C’est à vous, jeunes gens et jeunes filles, espoir et consolation de l’Église, douces fleurs de piété qui promettez tant de fruits de sainteté dans un avenir meilleur ; à vous qui, à peine sortis des collèges et des couvents, où vous étiez protégés par la religion, allez être bientôt livrés au monde et poussés en tous sens par la violence d’une destinée malheureuse, au milieu de ce siècle de doute et d’égoïsme.

C’est à vous « âmes trop excellentes qui cherchez en vain dans la nature