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LE GRAND SILENCE BLANC

au faro et selon la coutume pèsent leur mise — de la poudre d’or — dans des balances minuscules.

Harry Flink, le garçon britannique, en veste blanche, impeccable, verse à boire d’un mouvement brusque. Un jeune garçon de quinze ans — un Italien aux yeux de femme — manie avec force l’appareil à fabriquer les cocktails.

Le mouvement est continu. Des garçons entrent, boivent, payent et sortent, d’autres arrivent qui font de même. Ici, on ne vient pas au bar pour causer, on vient uniquement pour boire… Toute chose doit servir à ce pourquoi elle est destinée. Un bar, c’est pour boire, donc on boit.

Un gars de l’Est fredonne : All the nice girls love the sailors, commande un whisky, jette deux « nikels » sur le bois du comptoir ; la machine enregistreuse tinte, le tiroir n’est pas refermé qu’il est déjà dehors, son refrain se perd dans la rue.

Hello, boy !

Une rude tape s’abat sur mon épaule. C’est mon ami Lewis W. Gould. J’ai reconnu sa manière.

— … Are you ? mâchonne-t-il entre ses dents et, sans attendre ma réponse, il ajoute : « Moi, je suis véritablement confortable. »

En effet, j’ai rarement vu un garçon tenant mieux le whisky. Pour prouver sa « confortabilité », il jette au garçon : « Un whisky pour