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7. Sous la hutte de pin, oh ! viens, comme Pavie…


M. Théodore Pavie, jeune et enthousiaste voyageur, a parcouru en tous sens les deux Amériques. Il a publié un ouvrage fort intéressant, intitulé : Souvenirs Atlantiques. Nos lecteurs nous sauront gré, sans doute, d’en détacher une des plus belles pages :


« Rien n’est plus affreux, plus désolant, plus sublime d’horreur, que l’embouchure du Meschacébé ! Je sais plus d’un Français qui, attiré par les descriptions de Châteaubriand, sur les rives du père des fleuves, a pleuré de désappointement en vue de la Balise. Aussi loin que l’œil peut s’étendre, ce ne sont que prairies mouvantes, joncs desséchés, marais impurs ; des bandes innombrables de vautours s’y bercent parmi les pélicans, les flamans et les grues ; sur les bords des rivières flottent de hideux crocodiles, de monstrueuses tortues, des serpents noirs jaspés de taches livides : il n’y a rien là qui puisse faire pressentir

les admirables forêts de l’intérieur.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La côte est si basse, qu’à deux lieues en mer on la distingue à peine : à l’entrée de la passe du sud-ouest s’élèvent les hunes d’une goélette naufragée ; plus loin on aperçoit les espars brisés d’un brick, et sur la pointe des mâts viennent dormir les reptiles. Tel est le dernier point de vue sous lequel se présente ce magnifique Mississipi, refermant dans ce cadre désastreux ses douze cents lieues de forêts, d’habitations, de villages et de villes ; il est effrayant mais grandiose encore dans sa laideur. Là, les hommes ne peuvent rien contre lui ; l’océan lui-même est re-