Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/226

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Tout finit ; tout est, sans remède,
Aux lois du temps assujetti ;
Et, par l’instant qui lui succède,
Chaque instant est anéanti.

La plus brillante des journées
Passe pour ne plus revenir ;
La plus fertile des années
N’a commencé que pour finir.

En vain, par les murs qu’on achève,
On tâche à s’immortaliser ;
La vanité qui les élève
Ne sauroit les éterniser.

La même loi, partout suivie,
Nous soumet tous au même sort:
Le premier moment de la vie
Est le premier pas vers la mort.

Pourquoi donc en si peu d’espace,
De tant de soins m’embarrasser ?
Pourquoi perdre le jour qui passe,
Pour un autre qui doit passer ?

Si tel est le destin des hommes,
Qu’un moment peut les voir finir;
Vivons pour l’instant où nous sommes,
Et non pour l’instant à venir,

Cet homme est vraiment déplorable,
Qui, de la fortune amoureux,