Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/434

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Il en est temps encore,
Céphale, ouvre les yeux :
Le jour plus radieux
Va commencer d’éclore,
Et le flambeau des cieux
Va faire fuir l’Aurore.
Il en est temps encore,
Cépliale, ouvre les yeux.

Elle dit ; et le Dieu qui répand la lumière,
De son char argenté lançant ses premiers feux,
Vint ouvrir, mais trop tard, la tranquille paupière
D’un amant à la fois heureux et malheureux.
Il s’éveille, il regarde, il la voit, il l’appelle :[1]
Mais, ô cris, ô pleurs superflus !
Elle fuit, et ne laisse à sa douleur mortelle
Que l’image d’un bien qu’il ne possède plus.
Ainsi l’Amour punit une froide indolence :
Méritons ses faveurs par notre vigilance.

N’attendons jamais le jour ;
Veillons quand l’Aurore veille :
Le moment où l’on sommeille
N’est pas celui de l’Amour.

Comme un Zéphyr qui s’envole,

  1. Il s’éveille, il regarde, etc. Ce tableau du réveil de Céphale,
    s’efforçant en vain de rappeler l’Aurore qui le fuit, et les couplets
    qui terminent la Cantate, en font, dans son genre, l’une des plus
    achevées du recueil.