Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/435

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L’heure de Vénus s’enfuit,
Et ne laisse pour tout fruit
Qu’un regret triste et frivole.
N’attendons jamais le jour ;
Veillons, quand l’Aurore veille :
Le moment où l’on sommeille,
N’est pas celui de l’Amour.


CANTATE IX.

BACCHUS.

C’est toi, divin Bacchus, dont je chante la gloire[1]
Nymphes, faites silence, écoutez mes concerts.
Qu’un autre apprenne à l’univers[2]
Du fier vainqueur d’Hector la glorieuse histoire ;

  1. C’est toi, divin Bacchus, etc. Voilà bien le dithyrambe ancien, dans toute sa fougue pindarique, et respirant d’un bout à l’autre l’ivresse désordonnée du Dieu qui l’inspire. Les modernes ne connoissoient guère que de nom un genre de poésie naturellement très-répandu chez des peuples où Bacchus avoit un culte public : il étoit réservé au prince de nos lyriques d’en donner aux François l’idée et le modèle à la fois, dans cette Ode magnifique.
  2. Qu’un autre apprenne à l’univers, etc. Ainsi Anacréon prend congé des Muses graves et sévères, pour ne chanter que Bacchus et les Amours :

    Héros fameux ! foudres de guerre !
    Adieu donc, adieu pour toujours !