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LETTRES

au solide, et du solide au brillant, m’a obligé de faire avant d’arriver à la fin. J’ai passé une matinée à la lire de cette manière, et une autre à la relire avec encore plus de plaisir ; en sorte que ce n’est que d’aujourd’hui que j’ai fini l’Œdipe, qui m’a fait aussi tout le plaisir du monde ; mais, entre nous, et je vous en demande le secret, moins que la comédie, quoique l’une et l’autre soient également bien traduites, et que les vers, qui sont comparables à ce que nous avons de plus parfait dans notre langue, soient encore plus frappants, s’il se peut, dans la tragédie, que dans la pièce comique. Comment souffre-t-on que le caprice d’un particulier prive le public d’un travail qui fait tant d’honneur à l’antiquité et à notre siècle même[1] ? Y a-t-il quelque chose dans les patentes d’érection de l’Académie, et dans les règlements autorisés par le roi, qui justifie une bizarrerie, ou, pour mieux dire, une barbarie si grossière ? Et n’y a-t-il plus de chancelier ni de garde des sceaux au monde pour la réprimer ? Ce n’est plus mon affaire, grâces à la bonté que vous avez eue de me faire part d’un trésor si précieux, et dont la possession me

  1. Ces deux pièces furent imprimées, cette même année 1729, réunies en un volume in-12.