Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/447

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LETTRES INËDITES. 42)

de tout mon cœur pouvoir vous justifier dans mon esprit; si jamais j’en venais à bout, je vous ferais avec le plus grand plaisir une satisfaction si pleine, si publique et ai franche, qu’assurément vous auriez lieu d’en élre content, car je trouve un vrai plaisir à rendre mon estime k ceux qui la méritent, et je puis ajouter que je n’aurai jamais rien ta.it de meilleur cœur; mais, jusqu’à ce teraps-tà, ne vous attendez pas que je parle contre ma pensée; quoiqu’il arrive, je ne veux pas mentir.

À H. HOGirtH.

1. le 1» r«VTin- 1T6S.

Je crois, cher papai, que vous connaissez assez mon état dans cette saison, et ma situation dans ce moment, pour me pardonner quelque inexactitude à vous écrire. Puisque toute occupation agréable m’est interdite, vous pouvez bien croire qu’on ne me laisse pas celle-là.

J’apprends avec autant de chagrin que de surprise que votre goutte vous fait garder la chambre depuis trois mois. Sur votre silence à cet égard, je vous en croyais quitte pour cette année, et j’en avais même écrit sur ce ton-là à mu- dame Boy de la Tour. Je suis bien tristement désabusé, et le rhume encore au par-dessus I En voilà beaucoup, cher papa ; mais la saison dont nous approchons me’console un peu et me fait espérer que vous serez bientôt délivré de votre prison. La mienne dure depuis quatre mois et demi, sans que j’aie mis le pied dans la rue, si ce n’est la semaine dernière que je sortis un moment pour aller voir un malade, visite dont je me suis fort mal trouvé.

i On sait que Rousseau donnait depuis longtemps à M. Roguin ce nom d’amitié. (Note de l’Éditeur.)