Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/328

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Il faisoit sentir que le mal tenoit à la nature des choses & le bien aux vertus des individus. Il faisoit & pour ses amis & pour les auteurs qu’il jugeoit estimables, les mêmes exceptions qu’il croyoit mériter, & l’on sent en liant ses ouvrages, le plaisir que prenoit son cœur à ces honorables exceptions. Mais ceux qui s’en sentoient moins dignes qu’il ne les avoit crus, & dont la conscience repoussoit en secret ces éloges, s’en irritant à mesure qu’ils les méritoient moins, ne lui pardonnèrent jamais d’avoir si bien démêlé les abus d’un métier qu’ils tâchoient de faire admirer au vulgaire, ni d’avoir par sa conduite déprise tacitement, quoiqu’involontairement la leur. La haine envenimée que ces réflexions firent naître dans leurs cœurs leur suggéra le moyen d’en exciter une semblable dans les cœurs des autres hommes.

Ils commencerent par dénaturer tous ses principes, par travestit un républicain sévère en un brouillon séditieux, son amour pour la liberté légale en une licence effrénée, & son respect pour les loix en aversion pour les Princes. Ils l’accusèrent de vouloir renverser en tout l’ordre de la siccité parce qu’il s’indignoit, qu’osant consacrer sous ce nom les plus funestes désordres, on insultât aux miseres du genre-humain en donnant les plus criminels abus pour les loix dont ils sont la ruine. Sa colere contre les brigandages publics, sa haine contre les puissans fripons qui les soutiennent, son intrépide audace à dire des vérités dures à tous les états, surent autant de moyens employés à les irriter tous contre lui. Pour le rendre odieux à ceux qui les remplissent, on l’accusa de les mépriser personnellement. Les reproches durs mais généraux