Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/381

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tous les gens de parti qui sont de la société un vrai brigandage, y ne lui pardonneroient jamais de les avoir vus & montres tels qu’ils sont. Il a du s’attendre à la haine aux persécutions de toute espece, non au déshonneur à l’opprobre à la diffamation. Il a du s’attendre à vivre accable de miseres & d’infortunes, mais non d’infamie & de méprise. Il est, je le répete, des genres de malheurs auxquels il n’eut pas même permis à un honnête homme d’être préparé, & ce sont ceux-la à précisément qu’on a choisis pour l’en accabler. Comme ils l’ont pris au dépourvu, du premier choc il s’est laisse abattre, & ne s’est pas relève sans peine : il lui a falu du tems pour reprendre son courage & sa tranquillité. Pour les conserver toujours, il eut eu besoin d’une prévoyance qui n’étoit pas dans l’ordre des choses, non plus que le sort qu’on lui preparoit. Non, Monsieur, ne croyez point que la destinée dans laquelle il est enseveli soit le fruit naturel de son zele à dire sans crainte tout ce qu’il crut être vrai bon salutaire utile ; elle a d’autres causes plus secrètes plus fortuites plus ridicules qui ne tiennent en aucune sorte à ses écrits. C’est un plan médite de longue main, & même avant sa célébrité : c’est l’œuvre d’un génie infernal mais profond, à l’école duquel le persécuteur de Job auroit pu beaucoup apprendre dans l’art de rendre un mortel malheureux. Si cet homme ne fut point ne, J. J., malgré l’audace de ses censures eut vécu dans l’infortune & dans la gloire, & les maux dont on n’eut pas manque de l’accabler, loin de l’avilir l’auroient illustre davantage. Non jamais un projet aussi exécrable n’eut été invente par ceux mêmes qui se sont livres avec le plus d’ardeur à son exécution c’est une justice que J. J. aime