Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/216

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plus grande Cour de l’Europe une école de bonnes mœurs.

Au reste je dois vous dire que votre lettre ayant été adressée à Geneve avant de venir à Paris, elle a resté près de six semaines en route, ce qui m’a privé du plaisir d’y répondre aussi-tôt que je l’aurois voulu.

Je suis, autant qu’un honnête homme peut l’être d’un autre.

Monsieur, &c.

LETTRE À M. VERNES.

Montmôrenci le & 18 Février 1758.

Oui, mon cher Concitoyen, je vois aime toujours, & ce me semble plus que jamais ; mais je suis accablé de mes maux j’ai bien de la peine à vivre dans ma retraite d’un travail peu lucratif ; je n’ai que le tems qu’il me faut pour gagner mon pain, & le peu qui m’en reste est employé pour souffrir & me reposer. Ma maladie a fait un tel progrès cet hiver, j’ai senti tant de douleurs de toute espece, & je me trouve tellement affoibli, que je commence à craindre que la force & les moyens ne me manquent pour exécuter mon projet ; je me console de cette impuissance par la considération de l’état ou je suis. Que me serviroit d’aller mourir parmi vous ? Hélas il falloit y vivre ! Qu’importe où l’on laisse son cadavre ? Je n’aurois pas besoin qu’on reportât mon cœur dans ma patrie ; il n’en est jamais sorti.