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LETTRE AU MÊME.

Wootton le 27 Septembre 1766.

Je n’ai pas besoin, Mylord, de vous dire combien vos deux dernieres lettres m’ont fait de plaisir & m’étoient nécessaires. Ce plaisir a pourtant été tempéré par plus d’un article, par un sur-tout auquel je réserve une lettre exprès, & aussi par ceux qui regardent M. Hume, dont je ne saurois lire le nom ni rien qui s’y rapporte, sans un serrement de cœur & un mouvement convulsif, qui fait pis que de me tuer, puisqu’il me laisse vivre. Je ne cherche point, Mylord, à détruire l’opinion que vous avez de cet homme, ainsi que toute l’Europe ; mais je vous conjure par votre cœur paternel de ne me reparler jamais de lui sans la plus grande nécessité.

Je ne puis me dispenser de répondre à ce que vous m’en dites dans votre lettre du 5 de ce mois. Je vois avec douleur, me marquez vous, que vos ennemis mettront sur le compte de M. Hume tout ce qu’il leur plaira d’ajouter au démêlé d’entre vous & lui. Mais que pourroient-ils faire de plus que ce qu’il a fait lui-même ? Diront-ils de moi pis qu’il n’en a dit dans les lettres qu’il a écrites à Paris, par toute l’Europe, & qu’il a fait mettre dans toutes les gazettes ? Mes autres ennemis me sont du pis qu’ils peuvent & ne s’en cachent gueres ; lui fait pis qu’eux & se cache, & c’est lui qui ne manquera pas