supérieure aux avantages de si vie particuliers, exposé celle-ci pour obtenir l’autre, en faisant servir toutes ses lumieres a choix des moyens prudens qui conduisent à son but. Le courage féroce est : la valeur ordinaire du soldat ; c’est un mouvement impétueux & aveugle que donne la nature, & qui sera d’autant plus violent, d’autant plus puissant, que les passions seront plus vives, plus mutines, qu’elles auront été moins domptées ; en un mot, moins l’individu aura eu d’éducation, plus il sera barbare. Voilà pourquoi les rustres des provinces éloignées du centre d’un Etat policé, & les montagnards sont plus courageux que les artisans des grandes villes. Il est hors de doute que la culture des Sciences & des Arts éteint cette espece décourage, cette férocité ; parce que la soumission, subordination perpétuelle qu’impose l’éducation, la morale qui dompte les passions, les accoutument au joug, en étouffent le feu, les incendies. De-là naît la douceur des mœurs, l’équité, la vertu ; mais aux dépens de la férocité qui fait le bon soldat. L’art de raisonner, peut devenir un très-grand mal dans celui qui ne doit avoir que le talent d’agir. Que deviendroient la plupart des expéditions guerrieres, si le soldat y raisonnoit aussi juste que l’âne de la Fable....
Et que m’importe à qui je sois ?
Battez-vous, & me laissez paître :
Notre ennemi, c’est notre maître,
Je vous le dis en bon François.
La Fontaine, Fabl. 8. l. VI.
Rois de la terre, dont la sagesse doit employer utilement