Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/145

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ces réformes, la culture des Sciences & des Arts, toutes choses fort compatibles, nous aurons des officiers capables de commander à de bons soldats ; deux parties essentielles à une bonne armée.

Si la culture des Sciences — au moins le corps en seroit plus dispos. Fort bien. J’applaudis à la censure de l’Orateur contre la plupart des éducations mal dirigées. Mais gardons-nous de regarder un abus particulier, comme une dépravation générale & annexée aux Sciences. La culture des Sciences est nuisible aux qualités morales ? Quelle absurdité ! J’ai démontré dans plusieurs notes ci-devant placées, que la perfection des mœurs étoit le principal effet de cette culture des Sciences ; malheur aux directeurs de l’éducation de la jeunesse qui perdent de vue cet objet ; je crois que ce désordre est très-rare : mais fût-il encore plus commun, ce n’est pas la faute des Sciences, mais celle des personnes destinées à les montrer. Les langues mêmes, la partie la moins utile de l’éducation, ne doivent jamais nous écarter de ce but. Les mots étrangers qu’on apprend, expriment sans doute des choses ; ces choses doivent être des Sciences solides, & avant tout, celle de la morale ; c’est ce qu’on a grand soin de faire dans tous les colleges, dans toutes les pensions, & ce qu’on a fait dans tous les siecles policés......

Adjecere bonae paulo plus artis Athenae,

Scilicet ut possem curvo dignoscere rectum,

Atque inter sylvas Academi quaerere verum.

Horat. Epit. 2. L. I