Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/176

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Je conviendrai de la nécessité & de l’excellence de tous ces Arts utiles, dira M. Rousseau, mais à quoi bon les Belles-Lettres ? à quoi bon la Philosophie, qu’à flatter, qu’à fomenter l’orgueil des hommes ?

Dés que vous admettez la nécessité des manufactures de toutes especes, pour nos vêtemens, nos logemens, nos ameublemens ; dès que vous recevez les Arts qui travaillent les métaux, les minéraux, les végétaux nécessaires à mille & mille besoins ; ceux qui s’occupent du soin de conserver, de réparer notre santé, vous ne sauriez plus vous passer de la Mécanique, de la Chimie, de la Physique qui renferment les principes de tous ces Arts, qui les enfantent, les dirigent & les enrichissent chaque jour ; dès que vous convenez de la nécessité de la navigation, il vous faut des Géographes, des Géometres, des Astronomes. Eh ! comment pourrez-vous disconvenir de la nécessité de tous ces Arts, de toutes ces Sciences, de leur liaison naturelle, & de la forcé réciproque qu’ils se prêtent ? Dès que vous voulez bien que les hommes vivent en société, & qu’ils suivent des loix, il vous faut des Orateurs qui leur annoncent & leur persuadent cette loi ; des Poetes moraux même, qui ajoutent à la persuasion de l’éloquence les charmes de l’harmonie plus puissante encore.

§. II. Nous avons défendu la nécessité, l’utilité de toutes les Sciences frondées par le Citoyen de Geneve, réprouvées avec quelques exceptions par les observations de M. Rousseau. Examinons maintenant l’abus qu’il prétend qu’on en fait.

Nous convenons qu’on abuse quelquefois des Sciences. M. Rousseau ajoute qu’on en abuse beaucoup, & même qu’on en abuse toujours.