DISCOURS SUR LES AVANTAGES DES SCIENCES ET DES ARTS ; Prononce dans l’ASSEMBLÉE publique de l’ACADÉMIE des Sciences & Belles-Lettres de Lyon, le 22 Juin 1751. PAR M. BORDE.*
[*M. Rousseau répliqua à ce discours par un Ecrit intitulé, Derniere Réponse, qui se trouvé à la page 115 du second volume des Mélanges]
On est désabusé depuis long-tems de la chimere de l’âge d’or : par-tout la barbarie a précédé l’établissement des sociétés ; c’est une vérité prouvée par les annales de tous les peuples. Par-tout les besoins & les crimes forcerent les hommes à se réunir, à s’imposer des loix, à s’enfermer dans des remparts. Les premiers Dieux & les premiers Rois furent des bienfaiteurs ou des tyrans ; la reconnoissance & la crainte éleverent les trônes & les autels. La superstition & le despotisme vinrent alors couvrir la face de la terre : de nouveaux malheurs, de nouveaux crimes succéderent, les révolutions se multiplierent.
À travers ce vaste spectacle des passions & des miseres des hommes, nous appercevons à peine quelques contrées plus