Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/362

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Carime.


Quoi, barbare ! au mépris tu joins enfin l’outrage !
Va, tu n’entendras plus d’inutiles soupirs ;
A mon amour trahi tu préfères ma rage ;
Il faudra te servir au gré de tes desirs.


Le Cacique.


Que son sort est à plaindre !
Mais les fureurs n’obtiendront rien.
Pour un cœur fait comme le mien,
Ses pleurs étoient bien plus à craindre.


SCENE II.


LE CACIQUE seul.
Lieu terrible, lieu révéré,
Séjour des Dieux de cet empire.
Déployez, dans les cœurs, votre pouvoir sacré :
Dieux, calmez un peuple égaré ;
De ses sens effrayés dissipez ce délire.
Ou, si votre puissance enfin n’y peut suffire,
N’usurpez plus un nom vainement adoré.
Je me le cache en vain, moi-même je frissonne ;
Une sombre terreur m’agite malgré moi.
Cacique malheureux, ta vertu t’abandonne ;
Pour la premiere fois ton courage s’étonne ;