Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/364

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SCENE III.
DIGIZE, LE CACIQUE.


Digize.


Seigneur, vos sujets éperdus,
Saisis d’effroi, d’horreur, cèdent à leurs alarmes ;
Et parmi tant de cris, de soupirs & de larmes,
C’est pour vous qu’ils craignent le plus.
Quel que soit le sujet de leur terreur mortelle,
Ah ! fuyons, cher époux, fuyons ; sauvons vos jours.
Par une crainte hélas ! qui menace leur cœurs,
Mon cœur sont une mort réelle.


Le Cacique.


Moi, fuir ! leur cacique, leur roi !
Leur pere ! enfin l’esperes-tu de moi,
Sur la vaine terreur dont ton esprit se blesse.
Moi, fuir ! ah Digizé, que me proposes-tu ?
Un cœur chargé d’une foiblesse
Conserveroit -il ta tendresse,
En abandonnant la vertu ?
Digizé, je chéris le nœud qui nous assemble,
J’adore tes appas, ils peuvent tout sur moi ;
Mais j’aime encor mon peuple autant que toi ;
Et la vertu plus que tous deux ensemble.