Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/475

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pareils bavards savoient que je daigne écrire leurs impertinences, ils en seroient trop fiers.

Me demanderez -vous ce que je fais. Hélas ! maman, je vous aime, je pense a vous, je me plains de mon cheval d’ambassadeur : on me plaint, on m’estime, & l’on ne me rend point d’autre justice. Ce n’est pas que je n’espere m’en venger un jour en lui faisant voir non-seulement que je vaux mieux, mais que je suis plus estimé que lui. Du reste, beaucoup de projets, peu d’esperance ; mais toujours, n’établissant pour mon point de que le bonheur de finir mes jours avec vous.

J’ai eu le malheur de n’être bon à rien à M. de Bille ; car il a fini ses affaires fort heureusement, & il ne lui manque que de l’argent, sorte de marchandise dont mes mains ne se souillent plus. Je ne sais comment réussira cette lettre ; car on m’a dit que M. Deville devoit partir demain, & comme je ne le vois point venir aujourd’hui, je crains bien d’être regardé de lui comme un homme inutile, qui ne vaut pas la peine qu’on s’en souvienne. Adieu, maman, souvenez-vous de m’écrire souvent & de me donner une adresse sûre.