Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/477

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Giloz, &c. vous pourrez l’ouvrir, prendre votre lettre & lui envoyer la sienne ; aussi bien contiennent-elles des détails qui me coûtent trop pour me résoudre à les recommencer.

M. Descreux vint me voir le lendemain de mon arrivée, il me dit qu’il avoit de l’argent à votre service & qu’il avoit un voyage à faire, sans lequel il comptoit vous voir en passant & vous offrir sa bourse. Il a beau dire, je ne la crois gueres en meilleur état que la mienne. J’ai toujours regardé vos lettres de change qu’il a acceptées comme un véritable badinage. Il en acceptera bien pour autant de millions qu’il vous plaira, au même prix, je vous assure que cela lui est fort égal. Il est fort sur le zéro, aussi bien que M. Baqueret, je ne doute pas qu’il n’aille achever ses projets au même lieu. Du reste, je le crois sort bon homme, & qui même allie deux choses rares à trouver ensemble, la folie & l’intérêt.

Par rapport à moi je ne vous dis rien, c’est tout dire. Malgré les injustices que vous me faites intérieurement, il ne tiendroit qu’à moi de changer en estime & en compassion vos perpétuelles défiances envers moi. Quelques explications suffiroient pour cela mais votre cœur n’a que trop de ses propres maux, sans avoir encore à porter ceux d’autrui ; j’espere toujours qu’un jour vous me connoîtrez mieux, & vous m’en aimerez davantage.

Je remercie tendrement le frere de sa bonne amitié l’assure de toute la mienne. Adieu, trop chere & trop bonne maman, je suis de nouveau à l’hôtel du Saint-Esprit, rue Plâtriere.

J’ai différé quelques jours à faire partir cette lettre, sur