LETTRE XII.
À Paris le 19 Mai 1772.
Je dois, Madame la duchesse, le principal plaisir que m’ait fait le poeme sur les jardins Anglois que vous avez eu la bonté de m’envoyer, a la main dont il me vient. Car mon ignorance dans la langue Angloise qui m’empêche d’en entendre la poésie, ne me laisse pas partager le plaisir que l’on prend a le lire. Je croyois avoir eu l’honneur de vous marquer, Madame, que nous avons cet ouvrage traduit ici, vous avez supposé que je préférois l’original, & cela seroit très-vrai si j’étois en état de le lire, mais je n’en comprends tout au plus que les notes qui ne sont pas a ce qu’il me semble la partie la plus intéressante de l’ouvrage. Si mon étourderie m’a fait oublier mon incapacité, j’en suis puni par mes vains efforts pour la surmonter. Ce qui n’empêche pas que cet envoi ne me soit précieux comme un nouveau témoignage de vos bontés & une nouvelle marque de votre souvenir. Je vous supplie, Madame la duchesse, d’agréer mon remerciement & mon respect.
Je reçois en ce moment, Madame, la lettre que vous me fîtes l’honneur de m’écrire l’année derniere en date du 25 Mars 1771. Celui qui me l’envoie de Geneve (M. Moultou) ne me dit point les raisons de ce long retard : il me marque seulement qu’il n’y a pas de sa faute, voila tout ce que j’en sais.