Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/553

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vous donnent les moyens de former, diriger exécuter supérieurement cette entreprise, & les applaudissemens avec lesquels vos premiers essais ont été reçus du public, vous sont garans de ceux avec lesquels il accueilliroit un travail plus considérable. Pour moi qui ne suis dans cette étude, ainsi que dans beaucoup d’autres, qu’un écolier radoteur, j’songé plutôt en herborisant a me distraire & m’amuser m’instruire, & n’ai point eu dans mes observations tardives la sotte idée d’enseigner au public ce que je ne savois moi-même. Monsieur ; j’ai vécu quarante ans heureux sans sa des livres ; je me suis laissé entraîner dans cette carriere to & malgré moi : j’en suis sorti de bonne heure. Si je ne retrouve pas après l’avoir quittée, le bonheur dont je jouissois avant d’y entrer, je retrouve au moins assez de bon sens pour sens que je n’y étois pas propre, & pour perdre à jamais la tentation d’y rentrer.

J’avoue pourtant que les difficultés que j’ai trouvées dans l’étude des plantes, m’ont donne quelques idées sur les moyens de la faciliter & de la rendre utile aux autres, en suivant fil du systême végétal par une méthode plus graduelle & moins abstraite que celle de Tournefort & de tous ses successeurs, sans en excepter Linnaeus lui-même. Peut-être mon idée est-elle impraticable. Nous en causerons, si vous voulez, quand j’aurai l’honneur de vous voir. Si vous la trouviez digne d’être adoptée, & qu’elle vous tentât d’entreprendre, sur ce plan, des institutions botaniques, je croirois avoir beaucoup plus fait en vous excitant a ce travail, que si je l’avois entrepris moi- même.