Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/95

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C’est sous l’habit rustique — la vigueur du corps. Cela n’est pas toujours vrai à la lettre. M. le Maréchal de Saxe, & tant d’autres auroient fait mal passer leur tems aux plus rustiques laboureurs. la dorure des habits n’ôte ni la santé ni la forcé, elle ne peut qu’en relever l’éclat.

La parure — qui se plaît à combattre nud. L’homme de bien est un brave prêt à combattre sous toutes les formes que le hasard ou le sort le forceront de prendre, nud, bien paré, mal équipé ; tous ces accessoires lui sont indifférens.

Il méprise tous ces vils ornemens — quelque difformité. Il est des ornemens & des armes qui tendent à rendre la victoire & plus sure & plus brillante. Le sage ne les néglige pas contre le vice & l’erreur ; il se plie aux circonstances, aux tems, pour en supporter ou en rectifier les événemens ; il s’accommode à ce que les mœurs de son siecle ont de décent, pour mieux réussir à corriger ce qu’elles ont de défectueux ; il se fait ami, des hommes pour les rendre amis de la vertu.

Omnis Aristippum decuit color, & status & res.

Avant que l’Art eût — épargnoit bien des vices. Jamais les hommes n’ont été moins vicieux qu’ils le sont, par la raison que jamais les Sciences & les Arts n’ont été tant cultivés. La nature abandonnée à elle-même, fait de l’homme un assemblage de tant de vices, que le foible germe de vertu que son Auteur y a mis, se trouvé bientôt étouffé. La terre n’a pas plutôt vu deux hommes sur sa surface, & encore deux freres, seuls maîtres de l’Univers, qu’elle a vu aussi l’un des deux massacrer l’autre par un principe de jalousie. En vain un