Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/179

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que ce sont gens comme lui qui rendent l’a société insociable, 1 °. en prêchant sans cesse l’insociabilité, & je ne sais quelle liberté orgueilleuse & de révolte pure. 2°. En calomniant les arts & les sciences, qui sont le plus honnête & le plus utile lien de la société dans le commerce réciproque de nos besoins respectifs. 3°. En appellant bien le mal, & mal le bien, en pervertissant toutes les notions du sens commun qui est le vrai nœud de tout. 4°. En rendant odieux les grands, les riches, les savans, les talens, les magistrats, les princes, & toute torte de supériorité légitime venant de Dieu. Car omnis potestas à Deo.

Il est heureux que M. R. ne soit pas plus éloquent que cela, & qu’il outre tout ce qu’il dit de mieux. Sans quoi on le croit de retour de Geneve avec le dessein de iniquum aliquid moliri in civitate. Il n’est pas assez à craindre pour qu’on ne puisse pas lui pardonner tant d’excès. Encore nous aime-t-il à la folie, à la fureur, comme ceux qui disent bien des sottises aux frivoles objets de leur amour.

Il répéte beaucoup que la société seule assujettit l’homme au travail, à la servitude, à la misere. Voilà le vice d’un mauvais pere d’avoir bercé, Monsieur son fils, d’un Vossius, d’un Tacite, d’un Grotius, au lieu de lui avoir fait prendre de bonne heure le goût & l’habitude d’un vrai travail selon Dieu. Car c’est Dieu seul qui a condamné l’homme après sa rébellion, au travail, à la servitude & à la misere.

Maledicta terra opere tuo. In laboribus comedes ex eâ cunctis diebus vitae tuae. Spinas & tribulos germinabit tibi, comedes herbam terrae. In sudore vultûs tui vescêris pane,